La Mauritanie est un territoire de passages et de rencontres dont l’histoire s’est construite entre Sahara et Atlantique, au croisement des mondes arabo-berbères et ouest-soudanais. Dès l’Antiquité, la région voit circuler des tribus berbères sanhadja, des communautés riveraines du fleuve Sénégal, des marchands transsahariens puis des groupes arabes venus du nord.

Aux premiers siècles de l’islam, plusieurs formations politiques influentes émergent, issues aussi bien des mondes sahariens que des sociétés de la vallée du fleuve, dont notamment :

  • l’empire de Ghâna (Wagadu) fondé au VIIIᵉ siècle par les Soninkés et dont la capitale est Koumbi Saleh, dans le Hodh El Chargui au sud-est du pays ;
  • le royaume de Tekrour, apparu vers le Xᵉ siècle dans la vallée du fleuve Sénégal, issu d’un ensemble de populations sénégambiennes mêlant pré-Pulaar, Sérères et Wolofs, islamisé au XIᵉ siècle et dont la localisation de la capitale demeure inconnue ;
  • le royaume du Fouta-Toro, apparu comme région historique à partir du XIIᵉ siècle dans la vallée moyenne du fleuve Sénégal, espace majoritairement peuplé de Toucouleurs (Halpulaar), qui ne prend la forme d’un véritable État qu’au XVIIIᵉ siècle avec l’établissement en 1776 de l’Almamyat Torodo ;
  • l’empire Almoravide, fondé au XIᵉ siècle par les Lemtouna du Sahara occidental, au sein de la grande confédération sanhadjienne, dont l’influence s’est étendue du sud marocain au fleuve Sénégal avant de marquer durablement le Maghreb et al-Andalus.

Du XIIIᵉ au XIXᵉ siècle, deux ensembles sociaux structurent l’espace mauritanien :

  • Au nord et au centre, les confédérations tribales sahariennes organisent la société en tribus maraboutiques (zwāya), tribus guerrières (ḥassān), groupes commerçants et castes artisanales.
  • Au sud, les communautés de la vallée du fleuve Sénégal relèvent d’organisations lignagères, de chefferies locales et de groupes professionnels hérités des sociétés ouest-soudaniennes (Soninké, Halpulaar et Wolof).

Le pays s’inscrit alors dans deux grandes dynamiques régionales :

  • d’une part, les réseaux sahariens du commerce caravanier et des échanges intellectuels, en lien notamment avec les cités caravanières de Chinguetti, Ouadane, Tichitt et Oualata ainsi qu’avec des pôles oasiens comme Atar, Azougui, Tidjikja, Tamchekett et Néma ;
  • d’autre part, les circulations fluviales et savantes de la vallée du Sénégal, nourries par les liens avec le Tekrour, le Fouta-Toro et les routes menant à Tombouctou via Oualata, Néma et Tindirma.

Vient ensuite la colonisation française, tardive et très brève. Menée progressivement sur quelques décennies, elle s’amorce au début du XXᵉ siècle sous l’impulsion de Xavier Coppolani. Elle ne s’achève réellement qu’en 1934, date à laquelle la pacification du territoire est considérée comme complète.

La Mauritanie devient indépendante en 1960 et l’Etat moderne naît dans un espace encore faiblement urbanisé et assez peu développé. Les décennies suivantes sont marquées par la construction de l’État, la mise en valeur de l’économie, des tensions identitaires et d’importants rééquilibrages politiques et institutionnels.

La République Islamique de Mauritanie se projette aujourd’hui comme un pays stable, doté d’un fort potentiel économique et conscient de la richesse de ses héritages arabes, berbères et ouest-soudanais, à la fois nomades et sédentaires. Le pays est engagé dans une dynamique de consolidation de l’État, de modernisation économique et de renforcement de l’unité nationale par la valorisation d’un patrimoine culturel pluriel.